La presse reçoit- elle des subsides des partis politiques ?

Publié le par poli_tique_ment

images-1--copie-3.jpgLa liberté de la presse est un principe intangible, l'un des garants essentiels de la démocratie. La chute des dictatures arabes est d'ailleurs venue d'une circulation non contrôlable de l'opinion, via Google, Facebook, etc. Liberté de presse veut dire libre accès à l'information, droit à donner son opinion, qu'elle plaise ou non. Le tout cadré évidemment par des règles de déontologie et le recours aux tribunaux.

En Belgique désormais, cette liberté est menacée. Le mot est fort mais il correspond à une réalité. Le temps est venu de le dire, d'appeler à l'aide et de mettre en garde.

Il n'est pas banal qu'un parti démocratique comme la N-VA, le plus important de Flandre, qui devrait à terme exercer le pouvoir au fédéral, mette des journaux à l'index (Le Monde, Libé, Le Soir), refuse de leur communiquer des informations mais en plus injurie, en l'occurrence Le Soir, publiquement et à répétition (« ce journal n'est même pas digne d'être du papier toilettes »), appelle à son boycott (sur internet et sur papier), allant même via un de ses membres, jusqu'à demander cette semaine à faire interdire sa distribution dans les bibliothèques de Flandre.

Ce parti désigne ceux qui sont « dignes » de porter son message. Il détermine aussi ce qu'est le bon message, qui fait qu'on est bon ou mauvais journaliste, Flamand, etc.

Ceci comporte un risque, indirect cette fois : que les journalistes, au Nord comme au Sud, soumis à cette pression réelle ou potentielle, se censurent consciemment ou inconsciemment, renoncent dans certains cas à faire leur métier, pour ne pas être boycottés ou lynchés.

Les remous autour de l'enterrement de Marie-Rose Morel font à cet égard froid dans le dos. Il serait donc interdit, car déplacé, aux journalistes de donner une dimension politique (évidente) et non pas seulement émotionnelle à cet événement ? On n'insulte pourtant personne en portant cette analyse, on fait juste son métier.

La presse a des responsabilités et des devoirs, surtout par les temps qui courent (donner des faits corrects, éviter l'ethnisme…). Mais toute entrave ou pression sur les journalistes met une démocratie en danger. Il n'y a en ces matières pas de frontière linguistique : la règle est universelle.

BEATRICE DELVAUX

samedi 19 février 2011, 09:50 le soir.be

Publié dans POLITIQUE

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